November 2, 2015

Une différence culturelle

Le château de Santenay au printemps
Suite au portrait dans le Journal du Palais, vous verrez désormais un post en français tous les lundis et jeudis. D’avance, je vous remercie pour votre fidélité. Également, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour toutes fautes grammaticales ou autres…c’est ma deuxième langue…je fais ce que je peux.

Mon village en Bourgogne, d’une poignée d’habitants, où le feu rouge le plus proche se situe à 20 minutes de chez moi, est la définition de la France profonde. On se plaît bien ici, et on a été très bien reçus depuis notre arrivée il y a deux ans.

Néanmoins, on constate des grosses différences entre la vie ici et la nôtre aux States. L’exemple du jour se trouve dans la manière de gérer un business. Je suis souvent dans le vignoble bourguignon pour découvrir le terroir, les grands crus, et les vignerons qui passent leurs journées en taillant, traitant, et travaillant leurs vignes. C’est plutôt magnifique comme expérience, et ça serait dommage de passer à coté, n’est-ce pas ?



La vigne au début d'avril

L’autre jour, j’étais chez un vigneron pour déguster ses vins. Parmi les nectars que notre petit groupe a dégustés figurait un joli grand cru d’une vingtaine d’années. Un membre du groupe s’intéressait aux prix, donc je suis parti trouver la fiche des tarifs auprès du vigneron. Là-dessus, j’ai trouvé plusieurs vins et les prix, mais pas celui que l’on avait tellement apprécié. Très gentiment, j’ai posé la question, « Et le grand cru que l’on vient de boire ? »

La réponse était rapide et définitive : « On ne le met pas dessus parce qu’on fait tout pour supprimer la demande. »

OK, pensais-je, le stock est bientôt épuisé. Je comprends.

Mais mon esprit américain n’a pas tenu le coup.

Le ‘ricain en moi se disait, « Attends, il y a du vin à vendre. Il y a des clients pour en acheter. Ils ont du fric dans leurs poches. Ils sont prêts. Mais le vigneron cache le vin, le rendre difficile voire impossible à acheter. Alors là… ! Faut y croire ! »




J’ai regardé la fiche et j’ai remarqué que certains vins étaient limités. C’est-à-dire que, parmi les appellations offertes à la vente, il y en avait certaines que l’on n’avait pas le droit de prendre plus de deux ou trois bouteilles. J’ai vu le même sentiment chez les autres vignerons, que ce soit en Bourgogne ou ailleurs. Parfois, c’est écrit qu’un tel vin n’est pas disponible pour l’expédition à l’étranger. Ou qu’il faudrait revenir « après-demain » pour que le vigneron ait le temps de mettre les étiquettes sur les bouteilles, faire la facture, etc. Ou encore que le vin que l’on vient de déguster n’est malheureusement pas disponible maintenant parce que la personne qui a la clef de la cave est actuellement absente. Et qui ne s'est pas retrouvé devant un panneau disant « Caveau Ouvert » mais avec la porte fermée et la lumière éteinte? C'est plutôt charmant, mais pour le client pressé ou ayant envie de se procurer une bouteille pour le repas le soir même (souvent le cas pour les gens de chez moi), ça peut être compliqué.

Et la différence entre nos deux cultures ? Merci pour votre patience ; enfin j’y arrive. Disons que le système américain est basé sur le suivant : dès qu’il y a quelqu'un dans la rue qui a des sous dans sa porte-monnaie et qui risque d’avoir envie d’en dépenser, le magasin est toujours ouvert et les produits sont toujours prêts à être vendus. Toujours. Fermer entre midi et deux pour déjeuner ? Impensable. Cacher ou limiter le nombre de bouteilles que l’on peut acheter ? Bienvenue la faillite. Dire « non » ou « impossible » à un client ? « Bail à céder » dans moins de deux semaines.

Pour être clair, je ne critique pas ; je constate.


Pommard vu des vignes


La semaine dernière j’écoutais France Bleue Bourgogne (fidèle auditeur, et invité ponctuel), et la question du jour tournait autour de la loi Macron, qui, en Bourgogne, d’après ce que j’ai compris, allait donner droit aux magasins d’être ouverts quatre dimanches par an. L’animateur faisait appel aux auditeurs pour qu'ils donnent leur point de vue. Encore une fois, l’Oncle Sam en moi avait des idées : « Beh, c’est tout simple. Pourquoi pas 52 dimanches par an ? C’est comme ça que ça fonctionne chez nous, et on n’en est pas morts ! »

Imaginez donc ma surprise quand le premier à passer à l’antenne a dit, plus ou moins, « Les gens n’ont qu’à aller faire leurs courses le samedi ! Le dimanche, c’est une journée de repos, pour être en famille, aller à la chasse, ou, tout simplement, pour se détendre. Ça va mal finir, c’est histoire d’être ouvert le dimanche. » Autrement dit, le consommateur souhaite que les magasins soient fermés le dimanche. Chez nous, c'est tout à fait inimaginable de penser ainsi. 

Pourtant, je n’étais guère surpris d'entendre ce point de vue. Je vis ici maintenant, au rythme français, et je peux dire qu’un de mes plus grands plaisirs est de me mettre à table le dimanche midi avec ma famille et nos amis, nous tous entourés de la bonne cuisine française et des vins qui se marient parfaitement avec, sachant que 60 millions de français font exactement la même chose que nous, au même temps. C’est une habitude et une solidarité qui n’existent pas chez nous, et ça nous fait énormément du bien.
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Prochainement…l’Organisation Mondiale de Santé a dit QUOI ? C’est une blague, non ?


À jeudi, and thanks for reading.

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